La carrière

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La rue hébraïque de Cavaillon en 1898, fonds Jouve

Comme à Carpentras, Avignon ou l'Isle-de-Venise - devenue L'Isle-sur-la-Sorgue - la communauté juive de Cavaillon vit depuis 1602 dans un quartier à part, un "ghetto". On l'appelle "la carrière", du terme provençal qui signifie la rue. Cette situation d'exclusion et de tolérance mêlée, spécifique aux Etats du Pape, est la seule encore lisible dans l'urbanisme des villes de l'ancien Comtat Venaissin.

La carrière était strictement délimitée : au sud, sur la rue Fabriciis, actuelle rue de la République se situait jusqu'au XVIIIe siècle son unique entrée, fermée chaque nuit et à l'occasion des grandes fêtes religieuses chrétiennes.

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Façade nord de la synagogue de Cavaillon

Au nord, des fouilles récentes ont révélé, depuis la fin du Moyen-Age, la persistance d'une placette jouxtant la synagogue, dotée d'un puits - matérialisé au sol par un motif carré en pierres - qui conférait une certaine autonomie à la communauté. Une deuxième ouverture est pratiquée de ce côté-là au 18e siècle, presque en même temps qu'est prise la décision de reconstruire une synagogue.

A quoi ressemblait la première synagogue de Cavaillon qui s'élevait à l'emplacement de celle encore visible ? La tourelle au nord est-elle un vestige délibéré, peut-être la survivance de l'escalier à vis qui permettait de la distribuer ? Les superbes portes en bois polychrome du tabernacle suggèrent, par leur module, la restitution d'un volume plus modeste, l'équivalent en plan de celui de la boulangerie. Au 18e siècle, la communauté n'a jamais dépassé 200 personnes, puis 50 personnes vers 1850 et une trentaine à la fin du 19ème siècle.